Séminaire post-doctoral
« Politiques patrimoniales :
performances collectives et ancrages territoriaux »
SÉMINAIRE POST-DOCTORAL
« Politiques patrimoniales : performances collectives et ancrages territoriaux »
Vendredi 4 mai, 12h30 – 17h
Salle Jullian, Galerie Colbert, Paris
La dimension politique et performative des formes artistiques est au cœur des projets des post-doctorants 2018 du Labex CAP, qui s’inscrivent dans un champ de recherche élargi. Dans le contexte actuel, qui se définit par une géographie décentralisée et par des formats hybrides, il semble crucial d’aborder les liens entre création, art et patrimoine à partir des processus créatifs, de la patrimonialisation, des transferts culturels et de l’institutionnalisation. Loin de concevoir le patrimoine comme un corpus figé d’œuvres, d’objets ou de lieux issus du passé nécessitant une préservation, les différents travaux, qui privilégient une approche transdisciplinaire, entendent l’analyser comme une production sociale dont la dynamique politique, créatrice et esthétique est façonnée au présent par des acteurs et des logiques plurielles. Ces dernières conduisent à interroger, parfois à contester, les limites des institutions ou des hégémonies culturelles, et s’inscrivent dans des rapports de pouvoir qui connectent centres et périphéries, espaces locaux et globaux. L’objectif de la première demi-journée de l’atelier post-doctoral est de proposer une réflexion collective autour de deux axes : la patrimonialisation de formes artistiques hybrides, d’une part, et la mise en patrimoine de territoires et d’urbanités porteuses de mémoires conflictuelles, de l’autre. Cette séance sera animée par quatre post-doctorants en dialogue avec Pauline Chevalier (MCF, Université de Franche-Comté) et Jean-Louis Tornatore (PR Institut Denis Diderot Université de Bourgogne, Directeur du Centre Georges Chevrier).
Dans un premier temps, Annelies Fryberger (Ircam, Centre Pompidou) et Célia Galey (HiCSA, Centre Pompidou) traiteront de la patrimonialisation complexe de productions artistiques sans objet réifié ni appartenance disciplinaire, qui invitent à réfléchir à la configuration sociale et politique des espaces d’écoute ainsi qu’à envisager des formes collaboratives de pérennisation. Tant pour les arts sonores intermédiaux intégrés dans un cadre institutionnel musical ou visuel (A. Fryberger), que pour le collectif inclusif configuré par les partitions indéterminées et les instructions des premiers Happenings (C. Galey), le contexte – et sa reconfiguration – sont définitoires de ces formes instables. Celles-ci, à leur tour, redéfinissent le fonctionnement des lieux et des institutions de la transmission ainsi que celui de la commercialisation de l’art.
Camila van Diest (IIAC, EHESS CNRS, CRAL) et Alessandro Gallicchio (INHA, Centre Pompidou) exploreront ensuite deux cas de tentatives de patrimonialisation des traces du passé politique ancrées dans des territoires singuliers : celles de la dictature chilienne, à travers la mise en forme du paysage par les routes de la mémoire (C. van Diest), et celles de l’héritage des régimes dictatoriaux (fasciste et socialiste) en Albanie, qui font appel à l’art contemporain pour définir l’espace urbain désormais « biennalisé » de Tirana (A. Gallicchio). Entre préservation, démolition et refoulement de ces traces, il s’agira d’interroger la relation entre architecture, inscriptions artistiques, mise en valeur du territoire et élaboration d’une mémoire nationale et sociale.
Présentation_séminaire_04_05_18