Expériences de l’art
Première séance du Séminaire post-doctoral commun du Labex-CAP 4: Au-delà de l’art et du patrimoine : expériences, passages et engagements
Lundi 18 mai 2015, 14-18h
École Nationale des Arts et Métiers / ParisTech – Salle des Conseils
Séance coordonnée par Yaël Kreplak, Yoann Moreau et Vincent Rieuf
Avant d’être offert à l’appréciation publique, l’art est le produit d’une activité « créatrice » qui déborde largement le seul contexte de sa mise en scène ou de son exposition. Cette première séance du séminaire sera consacrée à l’exploration et à la description de lieux, de moments et d’activités opérées par des acteurs de l’art généralement invisibles. Il s’agira de mettre en lumière un ensemble de processus privés qui participent constitutivement de l’expérience publique de l’art. À l’aune des particularités de nos terrains et de nos méthodes d’enquête respectifs, nous nous attacherons à spécifier les différentes modalités d’une conception de l’art comme « expérience ». La discussion de la relation entre dimension expérientielle et dimension expérimentale dans les pratiques créatrices étudiées nous permettra, en outre, de réfléchir aux manières de (re)penser l’articulation entre art et science.
PROGRAMME
14h Introduction de la séance
14h15 Vincent Rieuf, « Enrichir l’expérience du visiteur »
15h15 Yaël Kreplak, « Voir une œuvre en action »
Pause
16h30 Yoann Moreau, « Fabriquer des protocoles indéterminés »
17h30 Discussion
RESUMES DES INTERVENTIONS
Enrichir l’expérience du visiteur : vision informationnelle de la création d’expériences muséographiques
Vincent Rieuf (Laboratoire de conception de produit et d’innovation, Centre d’étude et de recherche en informatique et communications ; Musée du Quai Branly)
Le musée est un système complexe au cœur duquel se produit une expérience de l’art. C’est par l’établissement d’une relation entre les visiteurs et les œuvres que le musée peut médier les informations nécessaires à une expérience riche. Cette médiation est le résultat d’un processus créatif piloté par les équipes muséographiques.
Les équipes des projets EMULE I et EMULE II adoptent une position expérimentale proposant de développer et tester une méthode itérative de création d’expérience muséographique.
Cette présentation propose de discuter ces itérations en considérant la nature des données recueillies et utilisées au cours de cette méthode. Nous axerons notre discours sur l’analyse des transferts d’information entre les instants in situ se déroulant au musée et les instants masqués pendant lesquels opèrent les équipes du musée.
Voir une œuvre en action : une approche située de la perception esthétique
Yaël Kreplak (Centre Pompidou ; Musée du Quai Branly)
Cette intervention sera consacrée à la présentation de données recueillies lors d’une enquête ethnographique en cours au sein du Service des collections contemporaines du Centre Pompidou – Musée national d’art moderne. L’hypothèse qui sous-tend cette étude est que les activités ordinaires de travail sur les œuvres de la collection (parmi lesquelles la production de documentation, la préparation des prêts, la consultation des œuvres en vue d’une exposition…) sont des lieux pertinents où examiner comment se re-déterminent en situation les propriétés singulières qui caractérisent chaque œuvre. Je me focaliserai ici sur les modalités concrètes de réalisation d’une activité particulière, le constat d’œuvres, afin d’explorer, à partir de cet exemple, les enjeux d’une approche située et praxéologique de la perception des œuvres d’art.
Fabriquer des protocoles indéterminés
Yoann Moreau (Iiac – Laboratoire d’Anthropologie et d’Histoire de l’Institution de la Culture – Centre Edgar Morin ; Mucem ; La Manufacture, Haute École de Théâtre de Suisse Romande)
L’observation sur le terrain de plusieurs collectifs de recherche-création sciences-arts fait apparaître des similitudes méthodologiques et sémantiques. Dans l’état actuel de mes travaux, la définition d’un protocole au sens strict semble impossible, mais la mise en place d’un « jeu » (au triple sens de play, de game et de défaut mécanique) semble récurrente dans les résidences sur plateaux de théâtre et les work in progress muséographiques faisant intervenir conjointement chercheurs académiques et artistiques. L’idée de dispositif volontairement « souple », « bricolé » ou « bancale » sera proposée pour rendre compte des protocoles sensibles à une forme d’indétermination (épistémologique, épistémique et pratique) qui semble être volontairement promue par ces collectifs.
École Nationale des Arts et Métiers / ParisTech
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